West Coast 2018 (Partie 17)
Jour 15
Il est un peu moins de 9h ce matin quand le chien vient aboyer sur notre porte. On l’a sous-estimé hier soir, en se disant que mettre un réveil ne servirait à rien.😂
On décolle de la maison à 10h. Toujours sans que personne de la maison ne nous parle … J’ai hâte de leur mettre un joli avis sur Airbnb à ceux là.
Anthony fait voler un peu le drone au dessus du quartier ce qui nous fera une jolie prise.
Et il est temps de nous diriger sur Hollywood Boulevard, pour rejoindre le point de rendez-vous d’un tour que nous attendons avec impatience : le HOODLIFE tour !
C’est au parking du Cahuenga Boulevard que l’on se gare à 10h45.
Oui, il faut savoir qu’à Los Angeles, peu importe la destination où l’on veut se rendre, il y a toujours 40 minutes de voiture. Toujours, c’est un fait 😄 Envie d'un burger à côté de la maison ? 40 minute de voiture. Besoin d'aller faire le plein ? 40 minutes de voiture. Impossible de visiter cette ville sans voiture et le temps que l'on passe dans les bouchons est hallucinant. C'est quelque chose qu'il faut prendre en compte lorsque l'on prévoit d'y aller.
Revenons au HOODLIFE tour.
Pourquoi ce tour et pas un autre ?
Déjà car nous ne faisons aucun tour guidé en général, ça ne nous intéresse pas. On préfère voir les choses par nous même, en étant dans la rue, en se faisant notre opinion, en rencontrant les gens.
Mais ce tour n’est pas un tour comme les autres : et ça, tu t’en rendras vite compte !
Anthony est un grand passionné des USA, mais surtout de Rap. Et à nous deux, nous adorons l’histoire du gangsta rap dans son ensemble, de ses débuts à aujourd’hui. On en regarde tous les films, tous les documentaires et nous avons une bonne connaissance sur les gangs de Los Angeles. Alors en y allant en séjour, il fallait absolument que l’on passe dans les quartiers sud comme Compton, Inglewood, Long beach, ou encore South Central.
Seulement ce n’est pas aussi simple que ça, nous ne sommes pas au zoo, on ne peut pas s’y rendre juste comme ça et cela est très dangereux. Des touristes se sont déjà fait assassinés par exemple. Il y a tous les jours des histoires (rappelle toi du jour de notre arrivée par exemple) et la police ne fait plus la loi depuis longtemps dans ces quartiers là, bien que cela se soit amélioré depuis quelques années.
Alors j’ai trouvé ce tour, organisé par de vrais habitants de ces quartiers.
Et comme nous l’a si bien dit notre guide : ceci est le seul VRAI tour de Los Angeles !
On a rendez-vous à 11h alors on se dépêche un peu car il faut qu’on trouve la boutique, ou le bureau j’imagine, sur Hollywood Boulevard. On vérifie les numéros, et finalement c’est à 11h pile poil que l’on trouve l’endroit. Pas de boutique, pas de bureau, mais un simple petit comptoir installé avec un parasol sur le trottoir.
On se présente, on donne nos noms et on nous dit de patienter à côté. Nous sommes environ une dizaine de personnes à attendre le départ. Anthony en profite pour acheter des cartes postales dans le magasin adjacent et moi je me demande comment va se passer l’organisation du tour car je suis sûre qu’il ne peut pas s’agir d’un tour classique en bus.
Deux hommes arrivent pour se répartir les clients dans leur voiture. Ok nous serons bien dans une voiture, ouf ! Les quatre jeunes filles montent ensemble avec l’un, et nous montons avec le second, accompagnés d’une touriste néozélandaise et quatre touristes australiens. La fille monte à l’avant, derrière il y a Anthony, Nevea, un Australien et moi, et les trois derniers encore derrière.
On se trouve dans un énorme 4×4 assez vieillot où les roues arrivent au niveau de mes épaules. On respire la weed à plein nez, le chauffeur/guide nous fait un petit topo en expliquant qu’aujourd’hui exceptionnellement, personne ne fumerait dans sa voiture, Nevea étant présente. Que tout le monde pourrait s’en donner à cœur joie dès que nous ferons des arrêts.
Bon là clairement, on n’est pas dans un bus « Tour Glamour d’Hollywood » 😄
Ni une ni deux, les passagers à l’arrière commencent à rouler leur blunt et la maman en moi ne peut s’empêcher de craindre qu’ils l’allument juste derrière Nevea, fenêtres fermées. Mais tout le monde a eu beaucoup de respect par rapport à ça. J'ai même culpabilisé qu'ils ne puissent pas vivre leur expérience à fond à cause de nous. Mais bon, ils se sont bien amusés quand même 🤪
Évidemment il n’y a pas de ceinture, le guide nous montre sa planque à weed sans pression, l’ambiance ghetto est clairement au rendez-vous.
En réservant le tour, j’avais pris le temps de correspondre avec le responsable qui m’avait assuré qu’il était parfaitement adapté aux enfants… Euh … plus vraiment certaine 😅 Je te rassure, Nevea n'en a absolument pas été choquée.
Le tour devait durer trois heures (de 11h à 14h) et il aura duré quatre heures et demie (de 11h à 15h30). Le guide a pris le temps avec nous, et c'était un temps de qualité.
C’était absolument incroyable !
Anthony m'avouera que ce fut le meilleur moment de son séjour sur Los Angeles 🥰.
Je crois que c’est clairement le tour le plus cool qui puisse exister pour ceux qui s’y intéressent un petit peu. Et sûrement (certainement) que sans enfant, le tout doit être encore bien plus cool.
Ce ne fut pas l’activité la plus adaptée pour Nevea en effet, bien qu’elle adore aussi ces musiques et qu'elle se sera quand même bien amusée, mais dans un voyage en famille, il en faut aussi pour tout le monde. Et c’est ça aussi : savoir prendre un peu de temps pour soi surtout dans un long voyage, prévoir des loisirs différents, pour que chacun y trouve son compte et en garde un bon souvenir.
La playlist de notre guide bat son plein depuis son IPhone, la musique est à fond, les fenêtres sont baissées et tout le monde commence à danser.
On défile le grand boulevard en direction du sud, on boit ses paroles même si l’anglais n’est pas évident par moment, et on s’arrête dans les hauteurs d’Inglewood, où il tient à nous montrer que l’on peut aussi avoir de jolies vues sur la ville, depuis les quartiers moins demandés.
Tout le monde descend et en profite pour fumer enfin et faire connaissance. Ce qui m’étonne ce sont ces habitations toutes mignonnes, dans un quartier où soit disant, il ne faut surtout pas aller.
On reprend la route et on traverse plusieurs rues avec à chaque fois beaucoup d’explications de la part du guide qui nous avouera être un ancien membre des Crips. Il était dans le gang de ses 13 ans à ses 20 ans et en est sorti en devenant papa. Cela rendait le tour encore plus crédible, le mec savait exactement de quoi il parlait et nous répétait sans cesse :
« Il n’y a rien, rien de plus ghetto au monde, rien de plus dangereux, que le ghetto de Los Angeles. »
Le prochain arrêt se fera dans une petite épicerie où il nous conseillera de s’acheter le fameux litre de bière. Il y aura un deuxième arrêt équivalent. Et voilà comment tous les passagers (exceptés nous les parents modèles disent-ils) auront fini complètement bourrés à la fin de ce tour.
Les célèbres watts towers :
Street art Kendrick Lamar, la nouvelle fierté du quartier :
Et puis à un moment, nous sommes tombés devant une boutique « Compton », la fille à l’avant lance un « c’est dommage que ce soit pas ouvert ça ! ». Ni une ni deux, le chauffeur s’arrête, appelle un ami à lui (le gérant de la boutique en question) qui débarque moins de deux minutes plus tard pour ouvrir la boutique rien que pour nous. Il était heureux de pouvoir vendre des produits « made in Compton » et fier de nous montrer ses albums. On y est resté vraiment longtemps, on y aura fait notre plus grosse dépense du séjour et on aura passé un super moment avec eux.
Sur le chemin du retour, Nevea s’est endormie malgré la musique hyper puissante, et quand elle s’est réveillée, le chauffeur lui a demandé quel était son rappeur US préféré, et c’est toute fière, qu’elle aura fini le trajet avec Biggie à fond les ballons jusqu’à Hollywood boulevard 😎
On récupère notre voiture en milieu d’après-midi, le temps est passé à une vitesse folle. On mangera donc à l’heure espagnole pour aujourd’hui.
On règle 15$ au parking et on décolle en direction du Nord de la ville cette fois. On s’arrête dans un Subway où on prendra un petit menu végé. On ne connaissait pas vraiment l’enseigne et bien c’était une belle découverte ! Très bon, très personnalisable, très copieux et pas cher du tout.
Comme je l’avais prévu, l’adresse sur le GPS réservée aux lettres d’Hollywood ne peut pas nous y emmené de très prêt. Elle nous conduit le plus haut possible, mais nous sommes vite arrêtés par des barrières, les habitants en avaient assez de tous ces vas-et-vients incessants de touristes.
On s’est garé un peu plus bas sur un petit parking en bord de route et on a profité de cette jolie vue au milieu de toutes ces grandes villas sublimissimes, pour prendre quelques photos souvenirs.
Calabasas
Après ce break touristique, nous avons continué jusqu’à Calabasas. Tu as pu le remarquer, notre planning sur Los Angeles ne ressemble pas vraiment à ceux que l’on avait prévu initialement, mais l’essentiel est que nous faisons tout, dans le désordre mais à notre rythme.
On s’est approché au maximum de la maison de Kim Kardashian ainsi que ses sœurs Khloé et Kourtney mais on s’est retrouvé bloqués à quelques mètres par la sécurité.
Etre ici après avoir passée la journée dans les quartiers sud, me dégoûte de ces pays capitalistes. Haut perchés, dans leur forteresse bien gardée, les habitants de Calabasas, Hidden Hills et les autres ne se mélangent pas. Ici c’est un autre monde. Les riches ont tout, les pauvres n’ont absolument rien. Tout est extrême, surdimensionné. Les maisons, les voitures, les jardins, la sécurité, l’alimentation … On croisera des dizaines de camionnettes de jardiniers latinos en train de se tuer sous la chaleur toute la journée pour que pas un seul brin d’herbe ne soit plus haut qu’un autre, que la pelouse de ce grand monsieur soit plus verte que celle d’en face. Et je doute clairement qu’ils aient le droit de rentrer en contact avec le propriétaire. Leur travail se passe avec une agence qui fait l’intermédiaire, il y a des règles à respecter, on ne se mélange pas, on ne s’approche pas trop et on rentre tranquillement dans son quartier sud à la fin de la journée.
Plus bas, on tente de s’approcher de la maison de The Game. Vu d’où il vient (rappelle toi, nous avons été voir sa maison d’enfance tout à l’heure), on doute qu’il fasse parti de ce monde très sélect, malgré le succès et l’argent.
Il faut descendre un peu dans la colline, le GPS nous emmène sur Mulholand Highway avec une estimation d’arrivée dans 6km. Toujours aucune barrière et le GPS à l’air de nous dire que ce sera en bord de route.
On avance, 2km, 1km, 500 mètres … toujours aucune barrière.
À 200 mètres je sens qu’Anthony est en train de transpirer, et là on y arrive, juste devant chez lui. On remarque toutes ses voitures rouges, Anthony crie de joie car jusqu’au bout on pensait être bloqués par des barrières et que s’en approcher était peut-être impossible.
Mais non, The Game habite en bord de route, et ne semble avoir peur de personne 😄
On se gare, Anthony descend pour aller devant le portail.
En fait c’est simple, il y a la route, et sa maison. Une vulgaire barrière histoire de, mais rien qui ressemble à une forteresse. Le portail est même grand ouvert, et il est là, juste dehors en train de discuter avec un ami. Devant il y a une vieille voiture, comme celles que nous avons croisé ce matin dans les quartiers sud.
Je dis à Anthony de remonter dans la voiture, mais il est à ce moment là comme un enfant, avec l’idée un peu folle qu’il puisse venir lui parler. 😅
Un de deux hommes s’approche, ce n’est pas The Game. Il demande à Anthony d’un air super sérieux « qu’est ce que tu veux ? » il répond "C’est bien la maison de The Game ?" et il lui répond « Je peux pas t’aider mec ».
En bons élèves on décide de les laisser tranquilles, on a vu ce que l’on voulait, mais le mec se poste derrière nous pour prendre en photo notre plaque. Il restera sur son téléphone un instant, je pense histoire de prévenir son pote que des fous sont postés devant chez lui. La honte 😂
On s’éloigne un peu, on attend un petit moment et on repasse devant la maison. Je prends ma photo et deux secondes plus tard, la Ferrari rouge (que l’on voit au premier plan), sort à toute vitesse de la maison pour descendre sur Cold Canyon Road. Il roulait si vite que nous n’avons évidemment rien vu du tout mais peu de doute que ce ne soit pas The Game en personne.
Nous devions justement descendre par la même route pour filer à Malibu une dernière fois (je voulais voir en vrai la maison de la série "Grace et Frankie") donc c’est avec l’infime espoir, mais espoir quand même, de le recroiser, que nous arpentons cette longue route déserte jusqu’à la plage.
Impossible de voir autre chose, ou d’aller de l’autre côté, la plage étant privée. Dommage, j’aurais vraiment aimé. Une chose est sûre, en rentrant, lorsque je terminerai cette série, je pourrais dire que j’y étais🥳
La nuit est tombée et la journée a été extrêmement chargée. Il est temps de rentrer doucement le long de la plage. On repasse devant les mêmes endroits qu’il y a deux jours, et on tombe devant le très très célèbre restaurant NOBU Malibu.
Il y a deux bâtiments : un qui a l’air réservé à la populasse, et un autre avec une sécurité ultra développée, voitures de course, Ferraris, Rolls, Ranges Rover aux vitres teintées, gardiens, caméras, voituriers. On voit la fameuse Ferrari rouge de The Game garée juste ici et gardée par un grand bonhomme en jogging, casquette, qui n’a pas l’air de rigoler. On a à peine eu le temps de ralentir un peu qu’un des gardiens est venu nous demander si nous avions besoin d’aide et sinon, de circuler.
C’est dingue cette manière de se sentir à ce point « pas à sa place » ici. Personne ne rate une occasion de nous le rappeler. Que ce soit de par leurs questions (non mais franchement, « vous avez besoin d’aide ? » veut bien dire qu’on a l’air perdus ici !), que dans leurs regards, ou dans leur manière de séparer les milieux sociaux. Oui c’est partout pareil, mais ici, dans la ville de la célébrité, de l’argent et de la superficialité, encore plus.
On aura commencé la journée dans le ghetto, pour la finir chez les riches. Deux mondes, deux ambiances. On n’aura jamais été aussi proches des célébrités que durant ce séjour, dans cette ville où l’on peut facilement les croiser partout, la preuve. Et pourtant c’est un peu cette partie là, que l’on a trouvé contradictoire. Elle fait rêver, mais de loin. Elle intrigue, mais n’est pas réelle. Elle est incroyable, mais surréaliste. Elle est démesurée et dérangeante.
Aujourd’hui nous avons parcouru : 150 km.
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