West Coast 2018 (Partie 13)

Jour 11
Aujourd’hui pas grand chose de prévu : nous ferons la route jusqu’à Los Angeles avec un arrêt pour faire un plein de courses au milieu.
Nous nous réveillons à Amargosa très difficilement pour ma part. J’ai passé une nuit blanche, j’avais très froid et j’ai tourné en rond. J’ai du coup mal à la tête et c’est au ralenti que je range toutes les affaires avant le départ. L’hôtel était super sympa, mais la chambre mériterait un grand rafraichissement et …. une couverture un peu plus épaisse aussi. Les nuits sont fraiches ici.
C’est à 10h que l’on quitte Amargosa et il faut qu’on aille faire le plein d’essence. La seule station service proche se trouve au nord, alors on fait un petit détour sur notre trajet.
Et là, c’est devant une petite station service de la Zone 51 au milieu de rien.

On pose quelques questions aux caissiers car on n’y connaît pas grand chose et c’est purement par hasard que nous nous retrouvons ici. Ils nous expliquent qu’il n’y a pas grand monde qui cultivent cela ici, même si tout le monde est au courant. Que c’est quelque chose de « boycotté » par les forces de l’armée américaine et qu’ils ont pris tout l’espace pour ne pas attirer de touristes. Ok … Ca nous donne envie d’en apprendre d’avantage à notre retour en France.
En tout cas on n’est pas très à l’aise ici … Les clients rentrent un par un avec chapeau de cow-boy et arme accrochée à la cuisse, même les femmes. Les panneaux publicitaires politiques autour de nous glacent le sang.
On reprend vite la route et on fera voler le drone un peu plus loin.
On avance sur cette route désertique pour la dernière fois et Anthony m’avoue qu’il a un petit pincement au cœur d’aller « s’enfermer » dans la ville pour le reste des vacances. Lui pour qui Los Angeles est un rêve et à qui j’ai eu du mal à convaincre que 6 jours c’était déjà bien assez.
C’est vrai qu’à ce stade, si on avait une baguette magique et le choix entre passer six jours à L.A où repartir à la conquête de l’Ouest pendant six jours … j’avoue qu’on repartirait. On est déjà nostalgiques c’es assez fou. On n’est pas partis que l’on s’imagine déjà revenir, refaire certaines choses ou en faire de nouvelles.
À cet instant je comprends tellement les voyageurs qui viennent et reviennent dans l’Ouest de nombreuses fois. Sans jamais refaire le même parcours bien souvent, tant il y a à voir !

Bref, je vais arrêter là avec la nostalgie, on est quand même très heureux d’aller visiter Los Angeles et surtout de nous poser, de nous faire à manger, de cuisiner, d’avoir notre petite maison à nous.
Allez on se motive 🤪
On s’arrête à Barstow pour manger un bout, et c’est à Mcdo que Nevea veut aller. Le concept est sympa, le bâtiment est en forme de locomotives, représentatives de la ville.



On mangera à l’intérieur d’un train. Ici les Mcdo sont tellement écœurants (bon ok, partout, mais ici encore plus). Tout est bien plus gras, bien plus salé. Je demande une petite frite : elle était plus grande que nos grandes frites en France. Mais heureusement les alternatives végé sont bien plus courantes. On peut remplacer la viande par une galette de pommes de terre ou du fromage par exemple. Les boissons sont TOUJOURS à volonté également même au McDo.
Il y a une petite boutique à l’arrière qui ressemble un peu à une « venta » espagnole. On y trouve de tout et de rien, des souvenirs, de la nourriture, des cadeaux, des contrefaçons etc. On y traînera un petit peu avant de partir.


À la sortie de la ville il y a deux choix : ne pas continuer sur l’autoroute et finir en beauté jusqu’à Victorville en reprenant un dernier bout de la route 66, ou prendre l'autoroute.
À ton avis, qu'est-ce que nous avons choisi ?





Beaucoup de symboles sont effacés au sol. On les voit à travers une nouvelle couche de goudron pas si vieille. J’ai l’impression que peu à peu, cette partie de la route 66 va être complètement rayée de la carte. C’est si triste. Je me demande si les gens qui y vivent y sont attachée. J’imagine que oui.



Dernier site que je voulais découvrir ici : le Elmer’s Bottle Ranch. Un jardin d’arbres en bouteilles, comme son nom l’indique. Mais surtout une belle histoire. Ce monsieur, Elmer, a ramassé pendant des années toute sorte d’objets exclusivement sur la route 66. Et avec, il a créer son ranch. C’est une œuvre d’art spectaculaire qui rend bien hommage à cette route et à ce morceau de l’Amérique.




















Et puis tout à coups, dans l’objectif de mon appareil photo, apparaît Elmer. Je ne m’y attendais pas, j’ai eu l’impression de tomber nez à nez avec une sorte de légende. Il m’a impressionnée le monsieur. Je lui ai posé des questions sur son travail, on a discuté brièvement et il s’est montré très gentil. Il a mis 18 ans à construire ce ranch atypique.










Il est temps de reprendre la route et cette fois ci nous nous arrêterons au Walmart de Victorville pour faire le plein de courses pour le reste de la semaine. Nous comptons remplir le frigo et cuisiner le soir pour ne pas aller au restaurant chaque soir. Petits déj, fruits, légumes, desserts, goûters … On reste un bon moment à trainer dans les rayons et on charge le coffre.

Notre prochain et dernier arrêt se fera à Los Angeles où nous terminerons notre boucle. Nous avons hâte de nous poser dans notre maison.
C’est par Crenshaw Boulevard que nous rejoignons Inglewood. Le quartier dans lequel j'ai loué notre petite maison. Nous avons de quoi nous mettre dans l’ambiance ghetto : rue bloquée, hélicoptère qui tourne au dessus de nos têtes, voitures de police faisant barrage (on apprendra le lendemain à la radio qu’il y avait eu un meurtre dans un studio de musique. Deux personnes assassinées et ils venaient de trouver le coupable). On croisera des gars « chaussettes bleues- casquettes bleues », très certainement membres des Crips, qui feront fantasmer Anthony. On reste quand même prudents et on ne vas pas s’amuser à les prendre en photos.
Notre maison se situe dans une rue très calme et familiale malgré le chaos quelques mètres plus loin. On aura droit au célèbre barbecue corner à l’angle de notre rue.
Enfin, on se gare, j’aperçois que la maison est allumée et qu’il y a une voiture devant. Mince, je commence à me demander s’il n’y a pas un problème, comme deux familles ayant réserver la même location (on entend souvent ce genre d’histoires à la télé ). Et puis je vois une femme sortir son chien. 🤔
Je décide de descendre pour comprendre ce qu’il se passe. Je vérifie l’adresse, la photo, c’est bien ici.
La me dit bonjour, très souriante, me fait signe de rentrer. Je la reconnais, c’est la propriétaire, avec qui j’ai discuté sur les instructions.
Je rentre dans le salon, il y a son mari qui passe l’aspirateur, une femme plus âgée qui s’occupe de la cuisine et une toute petite fille qui est entrain de jouer au sol. 😳
Mince je suis en train de croire que l’on est arrivé trop tôt et qu’ils n’ont pas fini de préparer la maison. Pourtant nous sommes déjà le soir, et elle m’avait dit d’arriver à n’importe qu’elle heure. 🤔
Elle me parle, mais soudain, je n’entends rien. Je suis angoissée. Je regarde autour de moi, Anthony et Craquotte m’ont rejoint, ou peut être qu’ils sont là depuis le début mais je ne les avais pas vu. Je suis trop occupée à observer ce qui m’entoure.
J’ai des flashs, je revois les photos de l’annonce qui n’ont rien à voir avec ce que je suis en train de voir. Du moins, c’est la même maison, mais sur les photos, elle était vide. Vide comme une maison de location où l’on a plus qu’à poser ses bagages.
Là, j’observe leurs chaussons, les jouets, leurs produits ménagers à l’entrée, leurs papiers, leurs affaires PARTOUT. Je remarque ses mains : elle a des gants recouverts de terre, elle doit être en train de faire son jardin.
Et soudain je comprends.
Je lui lâche un « nous allons partager la maison avec vous ? »
Elle me répond « oui oui ! » avec un grand sourire.
😱😱😱
Détresse en moi, détresse dans les yeux d’Anthony, détresse dans le regard de Nevea qui est en larmes depuis cinq minutes car le chien ne la lâche pas (elle en a la phobie).
Le malaise !
À cet instant, j’ai envie de pleurer. Ce n’était clairement pas ce qui était prévu, j’ai réservé une location « entière », pas de « chambre privée » ou je ne sais quoi. Je prends toujours soin de réserver en lisant toutes les annonces, et j’ai l’impression de m’être faite avoir.
Première galère du voyage, il en fallait bien une.
On arrive avec nos gros sacs de courses et malheureusement nous n’aurons qu’une toute petite place de 20 cm dans le frigo au milieu de leurs courses à eux. La moitié d’une étagère. Et là j’écoute ce qu’elle me dit et c'est très strict : on peut se faire à manger avec leurs ustensiles, mais seulement dans un créneau horaire défini afin de ne pas les déranger car ils travaillent. Aussi, pas de cuisine après 20h. Il y a des affiches sur les placards pour récapituler. Nous pouvons parler à la propriétaire mais c’est tout, car la personne âgée qui restera avec nous tout le temps, ne parle pas anglais et ne le comprend pas non plus (c'est une famille asiatique) alors on nous demande de ne pas la déranger. Nous aurons une chambre privée, et nous partagerons la salle de bain avec tout le monde. Il y aura d’autres voyageurs dans d’autres chambres également. Et nous n’avons pas le droit de nous servir de la machine à laver. Super 😡
On se précipite dans la chambre, Nevea est en larmes à cause du chien, Anthony est dépité et moi aussi. J’ai du mal à faire sortir un son de ma bouche.
On se retrouve là dans cette chambre, avec nos sacs de courses et nous sommes dépités.
J’ai déjà partagé une location ou loué une chambre privée, sans problème. Mais là ce n’était pas prévu, on s’attendait à être tranquille, un peu comme chez nous et seuls. La déception est immense. Mais alors, d’une immensité incroyable. À tel point que je me demande si j’ai envie de rester ici. Je commence même à regarder en ligne des hôtels pour la semaine, un plan B.
On rentre dans la cuisine pour se faire à manger, la propreté n’est pas au max et je suis vite saoulée de tout ça. Je ne parle à personne, je suis tendue au max. On garde la tête haute pour ne rien montrer à Nevea, qui fera connaissance avec la petite fille de la maison, Bella. Elle jouera avec elle au piano, et sera contente d’avoir une copine pour la première fois du voyage. Ca nous aide à relativiser. Enormément.
J’avance dans la soirée comme un fantôme, sans savoir si on va rester là ou pas.
Je repars vérifier l’annonce sur internet une nouvelle fois, le chien n’est mentionné nulle part, la location partagée non plus. Je suis énervée et je passerais la soirée à chercher un hôtel pas trop cher pour le reste du séjour.
La première nuit ici se fera donc difficilement, les voisins feront la fête une bonne partie de la nuit sous notre fenêtre, et le chien nous réveillera à 6h en aboyant devant notre porte.
Aujourd’hui nous avons parcouru : 462 km.

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